Le 21 juin 2001 a eu lieu la première éclipse totale du 21e siècle. Elle a pris naissance au large de l’Uruguay puis traversé l’Océan Atlantique en croisant au sud l’Ile Trindade [Brésil] avant de frôler par le nord la fameuse Ile de Sainte Hélène. L’éclipse plongera ensuite vers l’Afrique  australe. Le cône d’ombre a alors traversé l’Angola, la Zambie, le Zimbabwe et le Mozambique. A bout de souffle, l’éclipse a enfin balayé la partie sud de Madagascar selon un axe Ambohilé-Vangaindrano, ville côtière dans laquelle la nuit magique n’a duré que 2m 28s avec un Soleil très bas à 8° seulement au dessus de l’horizon. Enfin, l’éclipse s’est éteinte dans l’Océan Indien au large de Madagascar.

La zone traverée est une des plus désertiques de Madagascar et surtout l’une des plus inaccessibles. Région d’élevage très aride, plantée de baobabs et d’épineux, elle est surtout parmi les plus inhospitalières. Ici vivent les tribus Bara, et Sakalaves. Ces peuplades pratiquent essentiellement l’élevage et la culture du manioc. Apparentés aux tribus bantous d’Afrique australe et assez proches des « bushimen », les baras sont d’excellents chasseurs et gardiens de troupeaux. Gardiens ou voleurs… la tradition exige en effet des hommes baras (comme chez leurs voisins antandroy) qu’ils volent des zébus pour prouver leur courage.

Qu’en est-il de l’éclipse dans ce coin isolé de l’île ? Quelques uns des grands mpsikidy de l’ouest malgache l’ont, dit-on, prévu. L’immense majorité d’entre eux ignorent en revanche l’imminence du phénomène. Les autorités malgaches, aidées par diverses organisations internationales, ont bel et bien anticipé l’éclipse du 21 juin. Chaque préfecture du Sud a eu pour mission d’alerter les populations. Les gros villages bara de la région de Beroroha ont été ainsi prévenus et leurs populations mises en garde. A l’écart des sentiers praticables, de nombreux villages n’ont cependant pas été informés (on ne trouve ici ni éléctricité, ni radio…). Que va-t-il donc se passer en ce jeudi 21 juin à 16 heures lorsque le soleil disparaitra ? Panique ou accablement ? Comment les populations, les anciens, les devins vont interprêter le phénomène ? Qu’en diront les ancêtres que l’on consultera alors ?